Dans le cadre du livre blanc Automatisation du la fonction comptable : opportunité ou menace, Trustpair donne la parole à Monsieur Charles-René Tandé, afin de partager son opinion sur les enjeux de l’automatisation pour la fonction comptable.
Charles-René Tandé reçoit son diplôme d’expertise comptable en 1989. Il démarre sa carrière au sein de KPMG où il reste 17 ans à opérer à Paris, dont cinq ans à la direction de la formation, puis à Strasbourg. En 2001, il devient associé du cabinet Cogest. Basé en Alsace, ce cabinet compte quatre associés et 40 collaborateurs. Il est élu Président du Conseil Supérieur de l’Ordre des experts-comptables en mars 2017. La profession Expert-Comptable regroupe plus de 130 000 collaborateurs au cabinet et 21000 professionnels du métiers en France.
L’automatisation des tâches et la mission des comptables
L’automatisation des tâches est un moteur d’évolution de la mission comptable, qui change durablement l’exercice des missions traditionnelles de l’expert-comptable :
- L’automatisation de la tenue comptable : les technologies notamment d’océrisation (et bientôt la facture électronique obligatoire) couplées à des modèles de prédiction fondés sur des algorithmes de machine learning permettent à la tenue comptable d’être de plus en plus automatisée
- L’automatisation de l’établissement des comptes annuels : certains éditeurs proposent déjà des solutions rendant possible l’automatisation de la création de la liasse fiscale par le client et un consensus existe sur une automatisation quasi complète à horizon 5 ans
- L’automatisation de l’accompagnement au pilotage des cabinets : grâce à l’automatisation de la tenue comptable, des solutions d’aide au pilotage automatisé et en temps quasi réel émergent
D’après l’enquête de l’observatoire 2019 (Focus numérique – Gestion de la profession), les cabinets d’expertise-comptable ont une vision positive du futur de l’IA sur la profession Sur près de 1900 répondants, plus de 75% estiment que l’IA pourra les aider dans l’exécution des tâches quotidiennes et 7 cabinets sur 10 considèrent que cela optimisera la gestion des dossiers.
Quels sont les bénéfices et les enjeux du numérique pour la fonction comptable ?
- Vers une nouvelle organisation interne : pour faciliter les tâches et éviter les erreurs humaines
- Vers de nouvelles attentes clients : pour libérer les ressources des tâches répétitives automatisables sans grande valeur (saisie, consolidation…) au profit de la relation clients
- Vers de nouveaux modèles de production : pour gagner en productivité et efficacité (optimiser le temps de travail et la performance)
- Vers une nouvelle offre : pour augmenter la valeur ajoutée perçue par le client (conseils, meilleure réactivité, analyses en temps réel…). Les métiers sont ainsi recentrés sur l’analyse et la gestion des flux et la relation avec les clients.
Si le numérique apporte indéniablement une valeur ajoutée à la fonction comptable, il est néanmoins essentiel de repenser la relation client et la proposition de valeur de la profession. C’est pourquoi l’expert-comptable doit se recentrer sur le conseil et la relation client.
Pour conclure : quels seront les grands enjeux de la fonction comptabilité dans les 5 prochaines années ?
Cette évolution sociétale n’est pas simplement une question technologique et fait émerger de nombreux enjeux pour la profession comptable :
- Le 1er enjeu pour la profession est d’accompagner la numérisation des 2 000 000 de TPE/PME clientes au service de la croissance. Si la profession a su trouver sa place dans les flux de gestion auprès des organismes de la protection sociale et de l’administration fiscale, elle a aussi un rôle d’accompagnement des TPE dans la dématérialisation des factures. La généralisation de la facture électronique doit ainsi permettre aux Experts-comptables d’accompagner la transition numérique de ces entreprises, et notamment les plus petites d’entre elles, en offrant un service sécurisé présentant toutes les garanties attachées à l’intervention d’un professionnel assermenté.
- Le 2ème enjeu est de saisir les opportunités du numérique pour faire preuve d’une grande réactivité face à l’instantanéité de l’information et d’élargir son offre de missions en proposant de nouveaux services de conseil. L’automatisation des tâches fastidieuses doit ainsi pousser à un repositionnement stratégique pour offrir des services à haute valeur ajoutée.
- Le 3ème enjeu est d’acquérir des compétences complémentaires pour maîtriser les technologies et innovations afin que celles-ci nous accompagnement dans nos missions. En effet, si l’EC dispose de compétences naturelles sur le plan financier, juridique et fiscal, il lui faut également développer de nouvelles compétences pour conseiller l’activité de ses clients (outils technologiques, data, marketing…)